samedi 28 mars 2015

LA NOTION DE L'ESPACE CHEZ MAURICE MERLEAU-PONTY

par Nsibula Jacques
LEMERA RUHONDO

INTRODUCTION


 

            La phénoménologie se définit comme une étude des phénomènes. Le phénomène a le sens de ce qui se donne à voir, ce qui se manifeste. Ainsi, dans la phénoménologie de Maurice Merleau-Ponty nous allons mener notre recherche sur la manière dont il conçoit l’espace  dans son ouvrage portant sur la Phénoménologie de la perception. Maurice Merleau-Ponty est né en 1908. Il a fait ses études à l’école normale supérieure de la rue d’Ulm. En 1945, il participe à la fondation de la revue Les temps modernes, avec Sartre et Simone de Beauvoir. Il disparait brutalement en mai 1961 à l’âge de 53 ans.

            Par la publication de la phénoménologie de la perception, Merleau-Ponty cherche à décrire le réel à travers l’expérience du corps propre, qui se trouve dans le monde comme le cœur dans l’organisme.  Situant le corps dans le monde et le cœur dans le corps, Merleau-Ponty se tourne vers l’espace. Ainsi il oppose l’espace objectif de la science, un espace idéal parce que vu de nulle part et par personne, à l’espace non objectif du mythe.

             L’ouvrage ne portant que sur trois parties, notre analyse portera sur l’espace qui est une sous partie de la deuxième partie centrée sur la description du monde perçu. Notons que l’espace incarne le lieu habité par le corps. D’où une analyse de l’espace vécu. L’expérience de la spatialité exprime notre fixation dans le monde. Merleau-Ponty étudie différents espaces vécus : celui de la nuit, de la sexualité mais aussi l’espace mythique. « Les primitifs pour autant qu’ils vivent dans le mythe, ne dépassent pas cet espace existentiel, et c’est pourquoi les rêves comptent beaucoup pour eux au tant que les perceptions. […] »[1]. Au regard de cette analyse, il sied de se demander en quoi consiste l’espace chez Merleau-Ponty ? S’agit-il d’une étendue géométrique ou d’un espace psychologique ? Pouvons-nous encore aujourd’hui parler de l’espace au singulier ? La conception de l’espace chez Merleau-Ponty n’est-elle pas aujourd’hui dépassée ?  

            Pour mener à bon port cette analyse, notre travail portera sur trois parties afin de saisir ce thème. En premier lieu nous ferons une analyse sur la perception de la verticale et de la profondeur. En deuxième lieu nous chercherons à comprendre le mouvement et l’espace vécu tels que conçus par Maurice Merleau-Ponty et  en troisième lieu nous essayerons de faire une évaluation critique.

I.                   LA THEORIE DE LA PERCEPTION DE LA VERTICALE ET LA PERCEPTION DE LA PROFONDEUR


            La définition de la notion d’espace présente d’énormes difficultés. Toutefois Bergson définit l’espace comme « un milieu vide homogène.»[2] De cette définition, l’espace cesse-t-il d’être espace quand il est rempli ? Cet espace est-il identique quand Bergson nous parle d’un milieu homogène ? Il est évident que le mot milieu n’explique pas l’espace mais qu’il l’implique en en faisant le quelque chose au milieu de quoi quelque chose se passe. Et le milieu vide ne signifie pas que l’espace cesse d’être espace lorsqu’il est rempli. Relativement au milieu Aristote fait remarquer que « le mouvement et le repos seraient impossibles dans le milieu vide, parce que mouvement et repos n’auraient pas de raison suffisante s’il n’existe pas une différenciation qualitative de l’espace. »[3] Ce milieu homogène pose un problème de représentation car il ne pourrait absolument rien y passer. Kant nous présente l’espace comme « une intuition pure »[4] et soutient que l’espace n’est pas un concept empirique tiré de l’expérience externe. De cet argument l’espace apparait a priori et non a posteriori. 

            De son coté, Merleau soutient que « l’espace n’est pas le milieu (réel ou logique) dans lequel se disposent les choses, mais le moyen par lequel la position des choses devient possible. »[5] Sans réflexion sur les choses, l’espace est considéré vaguement tantôt comme le milieu des choses, tantôt comme leur attribut commun, par contre avec la réflexion on saisit l’espace à la source ce qui nous permet de passer de l’espace spatialisé à l’espace  spatialisant. Dans le premier cas les choses peuvent m’apparaitre comme une multiplicité irréductibles et dans le second cas j’ai affaire à l’espace géométrique dont les dimensions sont substituables, j’ai la spatialité homogène et isotrope.

I.1.   DE LA THEORIE DE LA PERCEPTION DE LA VERTICALE


 

            La référence naturelle de la matière au monde nous conduit à une nouvelle forme de conception de l’intentionnalité. Ainsi de cette dernière nous examinerons la notion symétrique d’une forme de la perception et en particulier la notion d’espace. Kant a essayé de tracer une ligne de démarcation rigoureuse entre l’espace comme forme de l’expérience externe et les choses données dans cette expérience. Il ne s’agit pas d’un rapport de contenant à contenu, puisque ce rapport n’existe qu’entre des objets, ni même d’un rapport d’inclusion logique, comme celui qui existe entre l’individu et la classe, puisque l’espace est antérieur à ses prétendues parties, qui sont toujours découpées en lui. Ce qui nous pousse à pouvoir analyser successivement dans cette partie la théorie de la perception et la perception de la profondeur.

I.1.1.  De l’expérience d’en haut et du bas


            L’expérience d’en haut et du bas nous aidera à saisir la différence des régions de l’espace physique. De cette expérience Merleau évoque la notion d’orientation et soutient que l’orientation est la manière propre au sujet percevant de se trouver dans le monde, d’agir dans son milieu, de se mouvoir dans l’espace. L’orientation dans l’espace se fait par la direction. Merleau-Ponty préconise que « l’orientation dans l’espace n’est pas un caractère contingent de l’objet, c’est un moyen par lequel […] j’ai conscience de lui comme d’un objet.»[6] Cette expérience n’étant pas saisissable dans la vie ordinaire, parce que dissimulée sous ses propres acquisitions, nous analyserons le cas de la vision sans inversion rétinienne où elle apparait sous nos yeux.

            En effet, si l’on fait porter à un sujet des lunettes qui redressent les images rétiniennes, le paysage entier paraît d’abord irréel et renversé, au second jour, la perception normale commence à se rétablir, à ceci presque le sujet a le sentiment que son corps est renversé[7]. Au cours d’une seconde série d’expériences, qui dure huit jours, les objets apparaissent d’abord renversés mais moins irréels que la première fois. Le second jour le paysage n’est plus renversé, mais c’est le corps qui est senti en position anormale. Du troisième au septième jour le corps se redresse progressivement et paraît être enfin en position normale, surtout quand le sujet est actif. A la fin de l’expérience, quand on retire les lunettes, les objets paraissent, non pas sans doute renversés, mais bizarres  et les réactions motrices sont inversées : le sujet tend la main droite quand il faudrait tendre la main gauche.

            Notons que de cette expérience le psychologue est d’abord tenté de dire qu’après l’installation des lunettes le monde visuel apparait au sujet comme renversé. Le renversement du paysage puis le retour à la vision normale s’expliquent en supposant que le haut et le bas se confondent et varient avec la direction apparente de tête et des pieds donnés dans l’image, qu’ils sont marqués dans le champ sensoriel par la distribution effective des sensations.

            On ne peut prendre le monde et l’espace orienté pour donnés avec les contenus de l’expérience sensible ou avec le corps en soi, puisque l’expérience montre justement que les mêmes contenus peuvent tour à tour être orientés dans un sens ou dans l’autre et que les rapports objectifs, enregistrés sur la rétine par la position de l’image physique ne déterminent pas notre expérience du haut et du bas, il s’agit précisément de savoir comment un objet peut nous paraître droit ou renversé. La question ne s’impose pas seulement à une psychologie empiriste qui traite la perception de l’espace comme la perception en nous d’un espace réel, l’orientation phénoménale des objets comme un reflet de leur orientation dans le monde, mais aussi bien une psychologie intellectualiste pour laquelle le droit et le renversé sont des relations et dépendent des répères auxquels on se rapporte.

            Avec l’empirisme il s’agit de savoir comment l’image du monde qui est renversé peut se redresser pour moi. L’intellectualisme ne peut pas même admettre que l’image du monde soit renversé après l’imposition des lunettes car il n’y a pour un esprit constituant rien qui distingue les deux expériences avant et après l’imposition des lunettes, ou encore rien qui rende incompatibles l’expérience visuelle du corps  renversé  et l’expérience tactile du corps droit, puisqu’il ne considère le spectacle de nulle part et que toutes les relations objectives du corps et de l’entourage sont conservées dans le nouveau spectacle. Nous ne pouvons pas comprendre l’expérience de l’espace ni par la considération des contenus ni par celle d’une activité pure de liaison. Nous avons besoin d’un absolu dans le relatif, d’un espace qui ne glisse pas sur les apparences, qui s’ancre en elle et se fasse solidaire d’elle mais qui, cependant, ne soit pas donné avec elle à la manière réaliste comme le montre l’expérience de Stratton, survivre à leur bouleversement.  

I.1.2.  De l’expérience de la chambre oblique


            Cette expérience, analogue à celle de Stratton, a l’avantage de mettre en évidence une redistribution instantanée du haut et du bas, sans aucune exploration motrice. « Il n’y a aucun sens à dire que l’image oblique, une image renversée apporte avec elle la localisation du haut et du bas dont nous prendrions connaissance par l’exploration motrice du nouveau spectacle »[8]. Par son observation, Wertheimer montre comment le champ visuel peut imposer une orientation qui n’est pas celle du corps. Le corps peut cependant se mouvoir sans entraîner avec lui le haut et le bas, comme quand je me couche sur le sol. L’expérience de Wertheimer montre que la direction objective de mon corps peut former un angle appréciable avec la verticale apparente du spectacle. Ce qui importe pour l’orientation du spectacle, ce n’est pas mon corps tel qu’il est en fait, comme chose dans l’espace objectif, mais mon corps comme système d’actions possibles, un corps virtuel dont le lieu  phénoménal est défini par sa tâche et par sa situation. Le corps virtuel déplace le corps réel à tel point que le sujet ne se sent plus dans le monde où il est effectivement, et qu’au lieu de ses jambes et ses bras véritables, il se sent les jambes et les bras qu’il faudrait avoir pour marcher et agir dans la chambre reflétée, il habite le spectacle. C’est alors que le niveau spatial bascule et s’établit dans sa nouvelle position. Il est donc une certaine possession du monde par mon corps, une certaine prise de mon corps sur le monde.

            Rappelons qu’au début de l’expérience, le champ visuel paraît à la fois renversé et irréel parce que le sujet ne vit pas en lui et n’est pas en prise avec lui. Au cours de l’expérience, on constate une phase intermédiaire où le corps tactile paraît renversé et le paysage droit parce que vivant déjà dans le paysage. Ce qui nous renvoie aux relations organiques du sujet et de l’espace, à cette prise du sujet sur le monde qui est l’origine de l’espace. La question qui s’impose à ce niveau est celle de savoir, la perception nette et l’action assurée ne sont-elles possibles que dans un espace phénoménal orienté ? Cela n’est évident que si l’on suppose le sujet de la perception et de l’action confronté avec un monde où il y a déjà des directions absolues, de manière qu’il ait à ajuster les dimensions de son comportement à celles du monde.

Il importe de noter que la série de nos expériences, se transmettent une spatialité déjà acquise. Notre première perception à son tour n’a pu être spatiale qu’en se référant à une orientation qui l’ait précédée. Il faut donc qu’elle nous trouve déjà à l’œuvre dans le monde. Pourtant ce ne peut être un certain monde, un certain spectacle puisque nous nous sommes placés à l’origine de tous.

I.2.  LA PERCEPTION DE LA PROFONDEUR


 

Les conceptions classiques de la perception s’accordent pour nier que la profondeur soit visible. Berkeley montre qu’ « elle ne saurait être donnée à la vue faute de pouvoir être enregistrée, puisque nos rétines ne reçoivent du spectacle qu’une projection sensiblement plane. »[9] Berkeley soutient que la profondeur ne peut pas être vue parce qu’elle ne se déploie pas sous notre regard et ne lui apparait qu’en raccourci. La profondeur est en réalité une juxtaposition de points comparables à la largeur. Et pour la voir il faut se placer à la place du spectateur littéral, qui peut embrasser du regard la série des objets disposés devant moi, tandis que pour moi ils se cachent l’un l’autre. Notons que Merleau- Ponty soutient que la profondeur que l’on déclare invisible est une profondeur déjà identifiée à la largeur. Pour traiter la profondeur comme une largeur considérée de profil, pour parvenir à un espace isotope, il faut que le sujet quitte sa place, son point de vue sur le monde, et se pense dans une sorte d’ubiquité.

I.2.1.  La largeur et la hauteur


            L’admission de l’équivalence de la profondeur et de la largeur dans l’évidence d’un monde intersubjectif peut nous faire oublier l’originalité de la profondeur. Notons que la hauteur, la largeur et la profondeur constituent les trois instances de la différenciation du spatial. Les trois dimensions apparaissent avec une originalité irréductible qui sera relativisée à partir des positions de la pensée géométrique. Les dimensions de la hauteur et de la largeur seront rapprochées l’une de l’autre pour souligner le contraste avec la dimension de la profondeur. Pour rendre compte la différence essentielle entre largeur et hauteur d’une part et profondeur d’autre part, Merleau-Ponty va recourir aux notions d’enveloppement et de juxtaposition. Il dit que « … la profondeur […] est la dimension selon laquelle les choses ou les éléments de choses s’enveloppent l’un l’autre, tandis que la largeur et la hauteur sont les dimensions selon lesquelles ils juxtaposent. »[10] Largeur et hauteur concernent des rapports des choses entre elles tandis que la profondeur révèle immédiatement le lien du sujet à l’espace. La verticale et l’horizontale traduisent un rapport entre le sujet et le monde. Miklos soutient que « La largeur qui représente la perspective est la source d’une connaissance mutilée tandis que la profondeur fait surgir les choses selon leur singularité. En vertu de la largeur les choses se situent sur une ligne les unes après les autres tandis que par la profondeur chaque chose s’effondre, disparaître derrière une autre.»[11]

            La profondeur ne désigne qu’une réalité relative obtenue par la réflexion de l’entendement. Cependant la profondeur n’est pas constructive de l’entendement. Elle est un moment de la foi perceptive qui par la vision binoculaire pose la réalité d’une chose unique, d’une chose séparée du sujet par une distance et apparaissant avec une physionomie. La profondeur nous oblige à rejeter le préjugé du monde et à retrouver l’expérience primordiale qui jaillit de toutes les dimensions, la plus existentielle parce que elle ne se marque pas sur l’objet lui-même, elle appartient de toute évidence à la perspective et non aux choses, elle ne peut donc ni en être tirée, ni même y être posée par la conscience, elle annonce un certain lien indissoluble entre les choses et moi par lequel je suis situé dans elles, tandis que la largeur peut, à première vue, passer pour une relation entre le sujet et l’objet, une profondeur qui n’est pas encore objectivée et constituée de point extérieur l’un à l’autre.

La psychologie de la forme a remarqué que « la grandeur apparente et la convergence ne sont pas, dans la perception  même, explicitement connues et que pourtant elles interviennent dans la perception de la distance. »[12] Les psychologues excluent qu’elles ne sont pas des signes, mais des conditions ou des causes de la profondeur. Nous constatons que l’organisation en profondeur apparait quand une certaine grandeur de l’image rétinienne ou un certain degré de convergence se produisent objectivement dans le corps ; c’est là une loi comparable aux lois de la physique.

Par cet argument le psychologue nous rappelle à la description pure des phénomènes avant le monde objectif, il nous fait entrevoir la profondeur vécue hors de toute géométrie. Convergence et grandeur apparente ne sont ni signes ni causes de la profondeur : elles sont présentes dans l’expérience de la profondeur comme le motif, même lorsqu’il n’est pas articulé et posé à part, est présent dans la décision.

I.2.2  La notion de grandeur apparente


            « La grandeur apparente traduit un jugement de perception. Elle n’est pas une quantité déterminée d’avance et appliquée par la suite aux choses, elle est leur donnée à partir d’un niveau spatial qui définit le grand et le petit avant tout repère objectif[13] Merleau ajoute ensuite que « la grandeur est une essence phénoménologique radicalement autre que la distance, même si elle ne saurait être perçue qu’en vertu de la distance qui, en nous séparant d’un objet, nous en fait évaluer la grandeur. »[14] La grandeur apparente vécue, soutient Merleau, est une manière d’exprimer notre vision de la profondeur. La théorie de la forme a justement contribué à montrer que la grandeur apparente d’un objet qui s’éloigne ne varie pas comme l’image rétinienne et que la forme apparente d’un disque qui tourne au tour de l’un de ses diamètres ne varie pas comme on l’attendrait d’après la perspective géométrique.

L’objet qui s’éloigne diminue moins vite, l’objet qui s’approche augmente moins vite pour ma perception que l’image physique sur ma rétine. C’est pourquoi le train qui vient vers nous, au cinéma, grandit beaucoup plus qu’il ne ferait en réalité. C’est pourquoi une colline qui nous paraissait élevée devient insignifiante sur la photographie. La constance de la grandeur apparente dans un objet qui s’éloigne n’est pas la permanence effective d’une certaine image psychologique de l’objet qui résisterait aux déformations perspectives, comme un objet rigide à la pression.

            En somme, dans cette première partie, soulignons que le haut et le bas, la droite et la gauche ne sont pas donnés au sujet avec les contenus perçus. Ils sont constitués à chaque moment avec un niveau spatial par rapport auquel les choses se situent, pour leur part la profondeur et la grandeur viennent aux choses de ce qu’elles se situent par rapport à un niveau des distances et des grandeurs, qui définit le loin et le près, le grand et le petit avant tout objet-repère. C’est ainsi que l’analyse de la profondeur parait rejoindre celle de la hauteur et de la largeur. La profondeur révèle immédiatement le lien du sujet à l’espace. Cependant il faut noter que la verticale et l’horizontale, se définissent par la meilleure prise de notre corps sur le monde. La largeur et la hauteur comme relations entre des objets sont dérivées et dans leur sens originaire elles sont, elles aussi, des dimensions existentielles.

            Lagneau et Alain soutiennent que la hauteur et la largeur présupposent la profondeur déjà objectivées et non pas l’expérience qui nous ouvre ces dimensions. La verticale et l’horizontale, le proche et le lointain sont des désignations abstraites pour un seul être en situation et supposent le même  vis-à-vis  du sujet et du monde.

II.                MOUVEMENT ET L’ESPACE VECU

II.1.  LE MOUVEMENT


II.1.1.  Description chez les psychologues


            Qu’est-ce que le mouvement ? Le mouvement est un déplacement ou un changement de position. La position est définie par des rapports dans l’espace objectif. Une conception objective du mouvement le définit par des relations intramondaines, en prenant pour acquise l’expérience du monde. Le mouvement pour le psychologue est l’un de ces phénomènes psychiques qui, au même titre que les contenus sensibles donnés, couleur et forme, sont rapportés à l’objet, apparaissent comme objectifs, mais qui, à la différence des autres données psychiques, ne sont pas de nature statique mais dynamique. Ainsi la philosophie du mouvement exige de jeter les apparences pour atteindre la vérité du mouvement.

            Dans une pierre lancée, le mouvement n’est qu’un attribut accidentel du mobile et ce n’est pas en quelque sorte dans la pierre qu’il se voit. Il ne peut être qu’un changement dans les rapports de la pierre et de l’entourage. Nous ne pouvons parler de changement que si c’est la même pierre qui persiste sous les différents rapports avec l’entourage. Si, au contraire, je suppose que la pierre s’anéantit en arrivant au point P et qu’une autre pierre identique surgit du néant au point P’ aussi voisin qu’on voudra du premier, nous n’avons plus un mouvement unique, mais deux mouvements. Il n’y a donc pas de mouvement sans un mobile qui le porte sans interruption du point de départ jusqu’au point d’arrivée.

Notons enfin que le psychologue refuse l’analyse rationnelle du mouvement. Quand on lui remontre que tout mouvement pour être mouvement doit être mouvement de  quelque chose, il répond que cela n’est pas fondé en description psychologique. Mais si c’est un mouvement décrit par le psychologue, il faut qu’il soit rapporté à quelque chose identique.

II.1.2.  Le mouvement et le mobile


            Le phénomène de mouvement ne fait que manifester d’une manière plus sensible l’implication spatiale et temporelle. Nous savons un mouvement et mouvant sans aucune conscience des positions objectives, comme nous savons un objet à distance et sa vraie grandeur sans aucune interprétation. Le mouvement commence dans le mobile et se déploie dans le champ. Je ne suis pas maître de voir la pierre immobile, le jardin et moi-même en mouvement. Le mouvement n’est pas une hypothèse dont la probabilité soit mesurée comme celle de la théorie physique par le nombre de fait qu’elle coordonne. Ce la ne donnerait qu’un mouvement possible. Le mouvement est un fait. La pierre n’est pas pensée, mais vue en mouvement.  Linke nous dit : « si je pose ma montre sur la table de ma chambre et qu’elle disparaisse soudain pour reparaître quelques instants plus tard sur la table de la chambre voisine, je ne dirai pas qu’il y a eu mouvement, il n’y a mouvement que si les positions intermédiaires ont été effectivement occupées par la montre. »[15] Le mouvement de mon œil vers ce qu’il va fixer n’est pas le déplacement d’un objet par rapport à un autre objet, c’est une marche au réel. Mon œil est en mouvement ou en repos par rapport à une chose dont il s’approche ou qui le fuit. Si le corps fournit à la perception du mouvement le sol ou le fond dont elle a besoin pour s’établir, c’est comme puissance percevante, entant qu’il est établi dans un certain domaine et engrené sur un monde.

De son coté Wertheimer soutient que la perception du mouvement n’est pas seconde par rapport à la perception du mobile, que l’on n’a pas une perception du mobile ici, puis là, et ensuite une identification que relierait les positions dans la succession ; ainsi dit-il l’identité du mobile n’est pas obtenue par une conjoncture : « ici et là ce doit être le même objet[16] Le psychologue accorderait qu’il y a dans tout mouvement sinon un mobile, du moins un mouvant, à condition qu’on ne confonde ce mouvant avec aucune des figures statiques que l’on peut obtenir en arrêtant le mouvement en un point quelconque du trajet.

            Si nous voulons prendre au sérieux le phénomène du mouvement, il nous faut concevoir un monde qui ne soit pas fait des choses seulement, mais des pures transitions. Le quelque chose en transit que nous avons reconnu nécessaire à la constitution d’un changement, ne se définit que par sa manière particulière de passer. Par exemple l’oiseau qui franchit mon jardin n’est dans le moment même du mouvement qu’une puissance grisâtre de voler. Les choses se définissent par leur nature et non par des propriétés statiques. Ce n’est pas moi qui reconnais en chacun par des caractères explicites, c’est l’oiseau en volant qui fait l’unité de son mouvement, c’est lui qui se déplace.

Retenons qu’il n’y a donc pas de mouvement sans mobile, pas de mouvement sans repère objectif et pas de mouvement absolu. Le mouvement n’est rien sans un mobile qui le décrive et qui en fasse l’unité.

II.2.  L’ESPACE VECU


II.2.1. La spatialité comme fixation du monde


En analysant cette fonction abstraite, qui est bien loin de couvrir toute notre expérience de l’espace, nous avons été amenés à apparaître comme la condition de la spatialité, la fixation du sujet dans un milieu et finalement son inhérence au monde. La perception spatiale est un phénomène de structure et se comprend qu’à l’intérieur d’un champ perceptif qui contribue tout entier à la motiver en proposant au sujet concret un ancrage possible. Déterminer les relations spatiales et des objets avec leur propriété, c’est poser une question seconde, c’est donner comme originaire un acte qui n’apparait que sur le fond d’un monde déjà familier, c’est avouer que l’on n’a pas encore pris conscience de l’expérience du monde.

            Merleau nous fait comprendre que les troubles du sujet par rapport à l’expérience de la spatialité comme fixation du monde ne concernent pas la perception comme connaissance du monde : les parties énormes du corps, les objets proches trop petits ne sont pas posés comme tels, les murs de la chambre ne sont pas pour le malade distants l’un de l’autre comme les deux extrémités d’un terrain de football pour un normal. C’est ainsi que le sujet sait bien que les aliments et son propre corps résident dans le même espace, puisqu’il prend les aliments avec sa main. L’espace est vide  et cependant tous les objets de perception sont là. Le trouble ne porte pas sur les renseignements que l’on peut tirer de la perception et il met en évidence sans la perception une vie plus profonde de la conscience.

Notons que l’expérience de la spatialité une fois rapportée à notre fixation dans le monde nous conduit à saisir une spatialité originale pour chaque modalité de cette fixation. La disparition du monde des objets clairs et articulés ampute notre être perceptif mettant sur pied une spatialité sans chose. C’est ce qui arrive dans la nuit. Je ne suis plus retranché dans mon poste perceptif pour voir delà défiler à distance les profils des objets.

II.2.2.  La spatialité de la nuit


Merleau distingue l’espace existentiel, anthropologique ou vécu qui est aussi l’espace de la nuit ou l’espace du mythe et l’espace naturel ou l’espace claire de la perception qui devient par idéalisation géométrique l’espace vrai, unique et objectif. Parler de la spatialité de la nuit revient à comprendre premièrement que la nuit est une profondeur pure sans plans, sans surface, sans distance d’elle à moi. L’auteur révèle que tout espace pour la réflexion est porté par une pensée qui en relie les parties mais cette pensée ne se fait de nulle part, au contraire, c’est un milieu de l’espace nocturne que je m’unis à lui.  Pour comprendre cette spatialité il importe de noter que la nuit n’est pas encore notre expérience la plus frappante de l’irréel. Dans le sommeil je ne garde présent le monde que pour le tenir à distance, je me retourne vers les sources subjectives de mon existence et les fantasmes du rêve révèlent encore mieux la spatialité générale où l’espace clair et les objets observables sont incrustés.

Les primitifs, pour autant qu’ils vivent dans le mythe, ne dépassent pas cet espace existentiel, et c’est pourquoi les rêves comptent pour eux autant que les perceptions. Il y a un espace mythique où les directions et les positions sont déterminées par la résidence des grandes entités affectives. Pour un primitif, savoir où se trouve le  campement du clan, ce n’est pas le mettre en place par rapport à quelque objet repère : il est le repère de tous les repères de même que pour moi savoir où est ma main c’est me joindre à cette puissance agile qui sommeille pour le moment, mais que je puisse assumer et retrouver comme mienne.

            Dans le rêve comme dans le mythe nous apprenons où se trouve le phénomène en éprouvant à quoi va notre désir, ce que redoute notre cœur, de quoi dépend notre vie. Il devient le centre de ma vie. Notre corps et notre perception nous sollicitent toujours de prendre pour centre du monde le paysage qu’ils nous offrent. Mais ce paysage n’est pas  nécessairement celui de notre vie. Je peux être ailleurs tout en demeurant ici, et si l’on me retient loin de ce que j’aime je me sens excentrique à vraie vie.

            L’espace de rêve, l’espace mythique sont-ils des véritables espaces ? Notons que l’expérience mythique repose sur la conscience de l’espace objectif et unique. L’espace sombre qui envahit le monde du schizophrène ne peut se justifier comme espace et fournir ses titres de spatialité qu’en se reliant à l’espace clair. L’analyse réflexive croit savoir ce que vivent le rêveur et le schizophrène mieux que le rêveur ou le schizophrène lui-même ; davantage : le philosophe croit savoir ce qu’il perçoit, dans la réflexion mieux qu’il ne le sait dans la perception. Et c’est à cette condition seulement qu’il peut rejeter les espaces anthropologiques comme des apparences confuses de l’espace vrai, unique et objectif.

Merleau soutient que pour destituer l’expérience mythique, celle du rêve ou celle de la perception de toute valeur positive, pour réintégrer les espaces à l’espace géométrique, il faut en somme nier que l’on ne rêve jamais. Tant qu’on admet le rêve, la folie ou la perception, au moins comme absence de la réflexion on n’a pas le droit de niveler toutes les expériences en un seul monde, toutes les modalités de l’existence en une seule conscience. Pour le faire il faudrait disposer d’une instance supérieure à laquelle on puisse soumettre la conscience perceptive et la conscience fantastique, d’un moi plus intime à moi-même que moi qui pense mon rêve ou ma perception quand je me borne à rêver ou à percevoir, qui possède la vraie substance de mon rêve et de ma perception quand je n’ai que l’apparence.

Le mythe tient son essence dans l’apparence, le phénomène mythique n’est pas une représentation, mais une véritable présence. Pour savoir ce que veut dire l’espace mythique ou schizophrène, nous n’avons d’autre moyen que de réveiller en nous, dans notre perception actuelle, la relation du sujet et de son monde que l’analyse réflexive fait disparaitre. Pendant le rêve nous ne quittons pas le monde : l’espace du rêve se retranche de l’espace clair, mais il en utilise toutes les articulations, le monde nous obsède jusque dans le sommeil.

III.             EVALUATION CRITIQUE

III.1.  LES LIMITES


            Notons, bien que Merleau ait eu  la détermination d’affronter cette notion d’espace ce n’est pas pour autant dire qu’il n’est pas exposé aux critiques. Quand Merleau-Ponty conçoit l’espace en une diversité d’espace, on pourrait se demander s’il ne s’agissait pas d’un unique espace mais constitué des  parties. Nous remarquons que dans sa conception, Kant soutient que l’espace est un et « parler de plusieurs espaces on n’entend par là que les parties d’un seul et même espace. »[17]  Dans son analyse Kant affirme que l’espace n’est pas un concept empirique qui ait été tiré d’expérience externe. Pour lui l’espace sert de fondement d’une manière nécessaire aux phénomènes extérieurs car tout ce que je perçois, je le perçois dans l’espace. En définissant l’espace comme une pure intuition, Kant nous révèle que l’espace est cette forme pure de la sensibilité qui rend possible notre rapport spatial immédiat avec les choses.

            Kant présente l’espace comme une représentation a priori qui sert de fondement à toutes les intuitions extérieures. L’espace préexiste à toute expérience, il est a priori et non a posteriori. Merleau-Ponty semble centré sa conception sur des expériences et il importe de noter que Merleau-Ponty ne nous donne pas les propriétés de l’espace cependant Kant relève que pour que la connaissance de l’espace soit possible il faut que l’espace soit originairement une intuition. Cette intuition doit se trouver en nous à priori c’est-à-dire avant la perception de l’objet. Cette intuition doit être une intuition pure et non empirique.

            S’agissant de l’espace comme grandeur infinie, Kant montre que l’espace peut être envisagé sous une exposition métaphysique d’une part et d’une exposition transcendantale d’autre part. Sur le plan métaphysique l’espace a pour horizon de faire comprendre l’espace comme indéterminé et indéfiniment déterminable comme grandeur infinie de donnée. L’espace est une grandeur infinie, parce qu’il est capable de contenir une quantité infinie de représentation, il est une intuition et non un concept. L’espace n’est pas proprement donné mais représenté comme donné ; Ce qui est donné est la forme toute prête dans l’esprit. De ce fait l’espace n’est pas un objet même si l’existence des objets le suppose.

            Sur le plan transcendantal, l’espace est présenté comme fondement de la connaissance en ce sens il est le point de départ mathématique. Il est le principe suprême. Kant expose l’espace comme condition a priori de la connaissance. Ceci montre que l’espace est la condition de possibilité de toute expérience. Il est ce pourquoi les choses sont manifestées. La présentation de l’espace comme condition des objets extérieurs appartient d’une manière nécessaire aux phénomènes ou à l’intuition du phénomène. Dans sa conception, Newton[18] fait de l’espace un être réel, une réalité absolue qui existe indépendamment de tout contenu. Un point de vue opposé à celui de Leibniz qui considère que l’espace est un système de relation entre les corps. S’il n’y avait pas de corps la notion de l’espace perdrait son sens. La notion d’espace est issue de la perception de mouvement. Pour Leibniz[19] on ne peut pas rencontrer d’espace vide dans notre perception.

III.2.  LES MERITES


            Il sied de reconnaître et de louer le courage de Merleau-Ponty et surtout sa détermination par sa prise de position sur la notion de l’espace. Une notion qui pourtant prête des nombreuses controverses dans sa définition suite à son caractère abstrait. Loin de rejeter l’espace objectif conçu par la science, Merleau-Ponty prétend qu’il n’existe pas seulement un seul espace mais une diversité d’espace dont les espaces de l’enfance, du rêve, du malade, du primitif, de la peinture, de la nuit, de la musique. Il nous fait comprendre que toutes ces spatialités sont des spatialités non mesurables ni objectivables. La nuit soutient Merleau est une profondeur pure, sans surface et sans distance d’elle à moi. Merleau «  associe l’espace euclidien ou espace universel à la métaphysique et l’oppose à la spécificité de l’espace corporel définit comme espace projectif et donc topologique. »[20]

             Dans la phénoménologie de la perception, Merleau distingue l’espace existentiel, anthropologique ou vécu qui est aussi l’espace de la nuit ou de l’espace du mythe, et l’espace naturel ou l’espace clair de la perception qui devient par idéalisation géométrique l’espace vrai, unique et objectif. Chacun est pour l’autre fondant et fondé. L’espace existentiel fonde l’espace naturel et l’espace idéalisé par la géométrie est le fondement rationnel de l’espace existentiel dans une téléologie du sens, et l’espace naturel de la perception est la trame permanente de l’espace existentiel. Cependant Merleau-Ponty retient que l’espace existentiel, l’espace  de la solidarité de l’homme et du monde présentent un statut indécis.


 

CONCLUSION


 

            Etant parvenu au terme de ce travail qui, rappelons-le, a pour thème la notion de l’espace chez Maurice Merleau-Ponty, tiré de son ouvrage intitulé la phénoménologie de la perception, il importe de signaler que nous avons procédé dans une première partie à saisir ce en quoi consiste la perception de la verticale et la perception de la profondeur. Nous avons remarqué que par son analyse, Merleau a fait une critique à l’endroit de l’empirisme et de l’intellectualisme. Les exemples utilisés et l’expérience de la chambre oblique le conduit à une théorie de la verticale. De l’espace phénoménal orienté comme système d’actions possibles, un corps virtuel dont le lieu phénoménal est défini par sa tâche et par sa situation. Il a introduit la notion de changement de point de vue qui seule permet d’évaluer ce qui parait fondamental pour la perception de la profondeur, à savoir l’évaluation d’une largeur non pas mesurée mais vue par un corps virtuel. Merleau attribue au  regard un rôle dans la constitution de l’espace. La profondeur révèle immédiatement le lien du sujet à l’espace. Cependant il faut noter que la verticale et l’horizontale, se définissent par la meilleure prise de notre corps sur le monde.

Ensuite dans une deuxième partie portant sur le mouvement et l’espace vécu, nous avons découvert que le mouvement est un changement de position, une position définie par des rapports dans l’espace objectif. Cependant il faut noter que le psychologue refuse l’analyse rationnelle du mouvement et soutient que le mouvement doit se rapporter à quelque chose identique. S’agissant de l’espace vécu, nous avons trouvé que Merleau-Ponty oppose l’espace objectif de la science, un espace idéal parce que vu de nulle part et par personne, à l’espace non objectif du mythe, du rêve ou de la folie.

            Dans une troisième partie portant sur l’évaluation critique nous  avons l’impression que Merleau-Ponty ne nous précise pas clairement les propriétés de l’espace ce qui ne nous permet pas de voir son dépassement par rapport à Kant. Nous restons également persuader qu’on ne peut plus aujourd’hui parler de l’espace au singulier si l’on veut lier cette notion avec le fonctionnement cérébral. Il ya plusieurs niveaux de traitements des processus spatiaux pour un organisme vivant. Une approche purement axiomatique de l’espace est impossible car elle élimine le rôle de l’expérience sensible, de l’action, du jugement. Cependant nous avons tenu à louer le travail accompli par Merleau-Ponty car nous estimons qu’il y a effectivement plusieurs espaces et non un seul espace.

BIBLIOGRAPHIE


1.      LES OUVRAGES


BERGSON Henry, Essai sur les données immédiates de conscience, Paris, Alcan, 1889, p.72


KANT Emmanuel, Critique de la raison pure, Paris, Quadrige / PUF, 2004, p. 584 pages


MERLEAU-PONTY Maurice, Phénoménologie de la perception, Paris, NRF, 1945, 531pages


 


2.       WEBOGRAPHIE


Miklos Vetö, «  L’eidétique de l’espace chez Merleau-Ponty », http://www.cairn.info/revue-archives-de-philosophie-2008-3-page-407.htm, consulté le 02/12/2014 à 14h00


 


 


 



 


TABLE DES MATIERES

 



















 



[1] M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, Paris, NRF, 1945, p. 330
[2] H. Bergson, Essai sur les données immédiates de conscience, Paris, Alcan, 1889, p.72
[3] Aristote, physique, IV, 8
[4] E. Kant, critique de la raison pure, Paris, Quadrige / PUF, 2004, p. 56
[5] M. Merleau-Ponty, Op. Cit., p. 281.
[6] Merleau-Ponty, Op. Cit., p.293.
[7]  Une expérience de Stratton citée par Merleau-Ponty, Op. Cit., p. 282
[8] M. Merleau-Ponty, Op. Cit., p.287
[9] M. Merleau-Ponty, Op. Cit., p.294
[10] Ibid., p.306

[11] Miklos Vetö, «  L’eidétique de l’espace chez Merleau-Ponty », http://www.cairn.info/revue-archives-de-philosophie-2008-3-page-407.htm, consulté le 02/12/2014 à 14h00

[12] Koffka, Some problems of space perception, cité par Merleau-ponty, Op. Cit., p. 298.
[13] Merleau, Op. Cit., p.308.
[14] Ibid., p. 302
[15] Linke, Phänomenologie und experiment in der Frage der Bewegungsauffassung, cité par Merleau-Ponty, Op. Cit., p. 513.
[16]Werthherimer, Experimentelle studien, cité par Merleau-Ponty, Op. Cit., p. 315.
[17] E. Kant, Op. Cit., p.57
[18]Newton est un philosophe, qui, par son mécanisme géométrique admet l’existence du vide dans l’espace. 
[19] Leibniz est un philosophe qui a pris position par rapport à la conception de l’espace chez Kant et soutient que la notion de l’espace est issue de la perception du mouvement.
[20] Merleau-Ponty, Op. Cit., p. 332