Le problème ici posé est celui de la conduite par l’homme africain de sa vie. L’africain doit pouvoir choisir des repères qui lui permettront de savoir se tenir, de s’orienter. Il y a une alternative : la tradition. Il s’agit donc de voir ce que proposent les deux modèles.
Le monde actuel offre un panorama d’avantages. L’outil d’informatique peut valablement remplacer des pratiques traditionnelles de formation de l’homme africain. L’africain ne peut plus être confiné dans son petit monde. Les avancé de la science et de la technologie offrent des instruments dont le seul contact garantit l’intégration dans le village planétaire. Mais ce monde semble dénué de valeurs. Les absolus sont déclassés, les références traditionnelles abandonnées. « La mouvance est vers une laïcité qui récuse toute autorité et toute codification à priori. C’est l’idée de la nature humaine qui se trouve remise en question »1. C’est la perspective d’une humanisation éthique de la vie qui devient ridicule. Il s’agit en fait d’un monde traversé par une crise où côtoient et s’affrontent : fondamentalisme, relativisme et individualisme. Comment s’en sortir sans aucune reconstruction de nos codes et de nos références ?
Même si l’Afrique est touchée par cette crise, les traditions offrent des valeurs et repères capables d’aider à la conduite de la vie. Comme nous le dit Stanislas Kpognona : « d’attitudes, de comportement qui détermine la conscience du peuple africain et qui en constituent en quelques sorte la trame »2. Le respect de l’autorité, la communauté, le sens moral. Ceci contribuera à la restauration de la personnalité qui voudrait simplement dire qu’il faut se définir, dire ce que doit être l’africain d’aujourd’hui et ce que sera celui de demain.
Dans cette perspective, il faut découvrir les tâches qui s’imposent à l’africain et qui sont relatives à l’exigence de perfectionnement de l’être de l’homme en générale, de la société de l’homme et de son humanité. Ainsi face à l’impérialisme et au débordement des techno- sciences, c’est une écoute sélective de leur langage qu’il convient de s’astreindre. Face à la mouvance libertaire de la civilisation contemporaine, c'est-à-dire la recherche des fondements solides de la vie des hommes, de leur accord avec la nature, qu’il faut se consacrer, comme le dit si bien Antoine Manga Biltine : « devant les menaces que suscitent les conflits de culture, c’est le sens de l’homme qu’il faut retrouver : l’homme avec son prochaine, à travers un dialogue dénué de préjugés »3.
Il est question, en définitive, pour l’africain de trouver et de préserver les valeurs qui font son être intrinsèque au cœur de la civilisation universelle. D’après Bernard Ibal « les valeurs à préserver et universel au cœur de soi même, ce sont surtout le sens moral, le respect de la dignité humaine et par ailleurs, le respect de la nature. […] une sorte de sacré c'est-à-dire repères absolus qui imposent le respect d’une transcendance qui dépasse l’homme » 4. L’urgence est de reconstruire et d’intérioriser les valeurs immuables qui transcendent les changements du monde.
——————————————1 Antoine MANGA B., « La philosophie peut elle survivre aux XXIème siècle ? » conférence donnée à l’occasion de la rencontre du cercle camerounais de la philosophie (CERCAPHI), Yaoundé, 14 décembre 2004. P. 27.
2 Stanislas KPOGNON, « valeurs africaines traditionnelles et économique moderne » in coll,. Tradition et modernité en Afrique noire, le seuil, paris, 1963, p.53.
3 Antoine MANGA, op. cit.
4 Bernard IBAL, Le XXIème siècle en panne d’humanisme le temps de la spiritualité sociale, Bayard, paris, 2002, p. 12.
E. Arsène NGBANGBA, msscc
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