lundi 20 mai 2013

PORTER SA CROIX DANS LA FOI POUR SUIVRE LE CHRIST

Dans l’antiquité romaine, le terme « croix » venant du latin (crux) était un gibet fait par un poteau et une traverse sur le quel on attachait les condamnés pour les faire mourir. Cet acte fut considéré comme étant  le supplice le plus infamant de tous les restes des punitions que subissait celui qui n’obéissait pas à l’Empire Romain. Jésus-Christ fut  mis à mort sur cette croix avant la ressuscité. Mais, quel rapport peut- il  y avoir entre la croix et la pratique de la foi, qui, ici, peut se concevoir comme une adhésion ou un abandon libre et confiant  en Jésus-Christ ?

L’imitation de la croix de Jésus par les chrétiens a été le point critique de la religion qui reprochait au christianisme d’être hostile à la vie, d’aliéner  l’identité personnelle et de justifier par son idéologie des comportements morbides. Si on prend en compte cette critique qui vient du dehors, et si l’on dégage les mobiles spécifiquement chrétiens, on donne une interprétation  différente de la souffrance du Christ sur la croix ainsi que de l’imitation de la croix par le chrétien, sans que la compréhension correcte  de la spiritualité de la croix en soit périmée. Chez le chrétien comme chez Jésus, la croix peut se comprendre  aussi à partir de la logique de l’action (et pas seulement de la souffrance) et peut être existentiellement supportable. Jésus fait entrevoir aux disciples que la pratique libératrice conforme au  royaume de Dieu aura les mêmes conséquences : contradiction, persécution et mort (Lc21, 12-19).  Ainsi, proclamer le royaume de Dieu dont le point de départ est d’annoncer la mort et la résurrection du christ, suppose effectivement une foi ferme en Jésus-Christ dont les conséquences peuvent approcher ou même aller  jusqu’à celles dont le Christ lui-même a subi.
 Le rapport entre la croix et la pratique de la foi en Jésus-Christ est un point qui a été d’une manière ou d’une autre souligné par Jésus à l’égard de ses disciples : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, et prenne sa croix, et qu’il me suive » (Mc 8,34). En effet, cela suppose l’oublie de soi, de sa vie, accepter sa croix ou ses humiliations liés à la suite du Christ, et donc poser ses pieds sur le chemin quel qu’il soit, garni des épines ou non, et oser de le suivre ; car Jésus lui-même nous dit que « celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de lui la sauvera » (Lc9, 35).  Ici, nous pouvons dire qu’il y a d’abord une certaine démarche préalable dans la foi en Jésus-Christ suivi également de ce témoignage pratique de la croix.  La possibilité de l’échec ne lui paralyse pas, car, il a  la volonté décidée de donner des preuves du caractère libérateur et vivifiant du royaume de Dieu. Supporter patiemment les injustices, n’est pas l’impératif de l’imitation mais plutôt l’expérience de l’engagement pour la vie et pour la justice, des appels extrêmes à  l’espérance du salut promis et réalisé par Dieu. Ainsi le croyant est impliqué avec Jésus dans le même mystère de la filiation divine, celle des enfants de Dieu. La certitude confiante de l’amour et de la proximité de Dieu est exposée  à l’expérience de son silence et de son non intervention. Ainsi le croyant est englobé dans l’expérience que Jésus fait de sa croix, expérience où il se substitut à nous, l’expérience indépassable, expérience victorieuse et dans la participation promise à la résurrection.

En dépit de toutes les différences, la communion de la croix du chrétien à celle du Christ lui fait adopter son universelle solidarité avec toute souffrance et avec toute faute. Le souvenir de la souffrance de Jésus sur la croix renforce notre marche à sa suite et arrose nos parcelles de désert, car c’est par la souffrance et la mort  que Jésus à triomphé. Cependant, cela ne dévalorise point notre vie mais plutôt l’oriente et la rassure  vers une vie dans la quelle, Jésus ressuscité partage avec son Père. L’espérance chrétienne en la résurrection de l’unique crucifié libère, oblige à la solidarité ineffaçable avec tous les saints ; parce que nul n’est exclu de la Pâques. Cette solidarité n’est pas non plus une manière doloriste et stoïque de supporter la souffrance, mais, l’imitation de Jésus qui libère et qui a été crucifié.

Ainsi la vérité de la spiritualité de la croix est assumée dans une pratique de l’imitation qu’inspire la foi pratique purifiée des malentendus et des abus. La souffrance et la croix sont donc, comme les symboles de diverses dimensions et structures de servitude, de mort, d’angoisse et de tout ce qui empêche l’homme d’atteindre son identité, mais pour le chrétien, ce ne sont que des moyens pour suivre Jésus-Christ. Dans le cas de Jésus comme dans celui des chrétiens, et de l’humanité souffrante, la rédemption par la croix représente autre chose qu’une mystification : Elle est perception critique et dépassement de cette situation  de perdition. Entre la croix du Christ et celle des chrétiens ou de l’humanité souffrante, il y a une relation réciproque.

 C’est pourquoi le vrai chrétien qui a toujours ses yeux fixés sur le Seigneur peut supporter et accepter dans la foi sa croix, qui aux yeux des païens, est signe d’humiliation et de condamnation ou de rejet par Dieu, mais qui pour le chrétien, est la condition essentielle pour rendre témoignage de sa vie réelle et d’être sauvé. Dans cette année de la foi, demandons toujours dans nos humbles prières le don de la foi, pour accepter la croix qui nous est proposée et continuer à prier en implorant l’intercession de la Vierge Marie, chez qui, le cœur a su gardé les mystères de son fils, dont le centre est la mort sur la croix et la résurrection d’entre les morts.
 
E. Alexis MANISHIMWE , msscc.



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