lundi 20 mai 2013

La communauté, lieu d’intégration à la charité



L’expérience que nous faisons dans l’ordre pratique est celle d’une vie communautaire en vu d’une réalisation commune qui fera partie d’un bien commun. C’est l’expérience d’un engagement pratique où l’on n’est plus seul en cause, mais l’on dépend de la volonté d’un autre ou de plusieurs autres. Cette expérience implique des éléments du faire et ceux de l’agir. Et pourtant, il faut que celui avec qui on vit ensemble, ait un minimum de confiance en lui. Si non, il n’y aurait pas la possibilité de mener une vie harmonieuse en communauté, mais une simple juxtaposition où la rivalité introduira très rapidement la lutte entre ceux qui sont censés de vivre ensemble. Or la confiance mutuelle qu’exige la vie communauté implique un amour personnel réciproque avec le désir de respecter pleinement la personnalité de chacun dans son originalité et son altérité. Cette confiance mutuelle permet un engagement réciproque. On s’engage à réaliser ensemble tel œuvre. Cet engagement implique une certaine responsabilité mutuelle. Connaissant ses propres capacités et ses limites, connaissant aussi celles des autres, on veut s’aider, et se servir mutuellement.
En effet, l’expérience de la vie communautaire ne se ramène non plus à l’expérience que chacun a de son propre travail ; car si l’on n’est pas attentif au travail de l’autre, il n’y aura pas une communauté efficace. La vie communautaire implique en effet un minimum d’efficacité : il s’agit de réaliser ensemble une telle œuvre. Peu importe qu’il s’agisse d’une œuvre utile ou artistique, de toute façon, il s’agit bien d’un engagement qui met en cause notre activité artistique. Dans toute communauté humaine, on devrait toujours avoir quelqu’un de clairvoyant, de plus expérimenté, de plus capable du point de vu de la connaissance, et un autre qui pourra être plus vigoureux corporellement, plus capable d’exécuter s’il est profitable pour l’un et l’autre de s’unir en respectant les qualités de chacun, et en collaborant ensemble, chacun selon ses capacités propres pour réaliser une œuvre commune (œuvre qui ne pourrait jamais se faire si chacun allait de son côté en rivalisant l’autre). Tout cela est évident, c’est pour nous l’expérience quotidienne.

Cependant, la vie communautaire ne peut croître et durer que si vraiment, elle est pour le bien commun de tous ceux qui forment la communauté, et si les divers membres de celle-ci en ont conscience et le reconnaissent. Car, dès qu’elle ne profite plus à tous les membres, elle ne profite qu’à un seul. La vie communautaire dès lors n’avance pas. Pour qu’elle avance, il faudrait de l’héroïsme car la justice élémentaire n’est plus respecter. Si la vie d’ensemble est pour le bien commun de tous les membres de la communauté, il est normal que les qualités des uns et des autres soient développées le plus parfaitement possible. Les uns et les autres pourront alors reconnaitre plus facilement les qualités de leurs collègues jusqu’à être heureux de vivre avec eux, profitant vraiment de leurs dons et s’énonçant de se compléter le mieux possible les uns les autres. Si le bien commun est le fruit de vivre ensemble, il faut reconnaitre qu’il y a les diverses modalités de bien commun, nous pouvons donner ici l’exemple d’un couple des personnes : le premier bien commun le plus foncier et le plus naturel est celui de la famille. Celle-ci implique l’amour d’amitié de l’homme et de la femme, elle se fonde sur leur choix libre réciproque capable de fécondité. Cet amour est procréateur d’un troisième membre : l’enfant.
A partir de là, il y a une communauté au sens fort. L’enfant est le fruit de l’amour réciproque entre l’époux et son épouse, mais il est aussi une personne autre que ses parents ayant ses droits propres. La communauté familiale doit respecter ses droits, d’autant plus que ces droits sont ceux d’un tout petit qui ne peut par lui-même en avoir conscience de se défendre. Il faut donc prévenir et éveiller ce qui ne peut se faire que par l’amour. Cette communauté ne peut exister que dans l’amour et à travers l’amour. Le bien commun de la famille permet à l’enfant de devenir une personne humaine ayant son autonomie, ayant la capacité de découvrir sa propre finalité et de s’orienter dans un choix libre vers cette finalité. Pour cela, il faut un milieu familial impliquant un certain bien être matériel et spirituel permettant cette éclosion et la favorisant. Si le milieu familial dépend en premier lieu de l’amour des parents entre eux, toute coupure à l’intérieur de cet amour, entraine comme conséquence immédiate que le milieu familial dépend aussi de l’efficacité du travail des parents, et il dépend encore du milieu culturel dans lequel se développe la famille.



                                                                                                           E. Innocent SABUHORO, msscc

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